Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
christophe.calame.over-blog.com

Philosophie au jour le jour

Ton manque de compassion m'a sauvé !

Publié par Christophe Calame

Nishapur, Khorasan

Nishapur, Khorasan

Le vrai islam 1

On portait un jour le cercueil d'un débauché

Qui venait de mourir en plein dans le péché

Ce que voyant, un dévot s'éloigna, pensant

Qu'un tel pécheur ne méritait pas sa prière

La nuit même, le dévot vit le défunt en rêve

Heureux au Paradis, la face telle un soleil

"Mais enfin, pauvre gueux, lui dit-il fort surpris

D'où as-tu donc trouvé une telle dignité ?

Tu as toujours été noyé dans le péché

Et tu étais souillé de la tête aux pieds !

— Ton manque de compassion m'a sauvé

Et Dieu m'a pardonné, moi qui ai tant péché"

(Traduction du persan Leili Anvar

Farîd od-din 'Attar, Le cantique des oiseaux,

Ed. Diane de Sellier, Paris 2013, p 164.)

Notice extraite de l'Encyclopaedia Universalis :

1. Le fils du parfumeur
La personnalité d'‘Aṭṭār n'est saisissable qu'à travers son œuvre, les événements de son existence nous restant voilés. Il vécut à une époque où, en chrétienté, on édifiait le peuple en composant hagiographies, recueils de miracles et drames. Il passa sa vie à Neshāpūr, la ville de ‘Omar Khayyām, alors centre vital du Khorāsān, qui conserve la tombe de ‘Aṭṭār, 1190 est la date supposée de sa mort. De son père il avait hérité un commerce de parfums, d'onguents et d'épices ; ‘Aṭṭār désigne celui qui tient un tel commerce ; Farīd al-Dīn en fit son nom d'écrivain. Rien n'indique qu'une conversion le fît renoncer à cette profession, car il était conseillé d'en exercer une ; ‘Aṭṭār dut la trouver compatible avec une vie religieuse exigeante à laquelle il pensa dès son enfance.

Parmi les personnalités influentes à l'époque de ‘Aṭṭār, il faut citer Nadjm al-Dīn Kubrā. Celui-ci, s'étant détaché de l'étude théologique, rentra en sa ville natale de Khīva, au sud de la mer d'Aral, pour se consacrer à la vie religieuse ; il eut de nombreux imitateurs. Son enseignement reprenait celui de l'école de Neshāpūr sur les stations du chemin vers la connaissance, et s'attachait à analyser l'expérience visionnaire. Il eut parmi ses disciples un maître de ‘Aṭṭār, Madj al-Dīn Baghdādī, probablement aussi le père du célèbre Djalāl al-Dīn Rūmī. Sanā'i, qui appartenait à la génération précédant celle de ‘Aṭṭār, composa le premier, en persan, de longs poèmes de caractère moral et mystique ; Djalāl al-Dīn Rūmī, né à Balkh en 1207, aimera se dire le continuateur de Sanā'i et de ‘Aṭṭār."