Le vrai islam 3

Voici venir le temps de la rose vermeille,

Le temps de la tulipe, le Jour Nouveau, merveille !

Et les oiseaux muets, à la bouche scellée,

En grec et en hébreux se sont mis à parler.

Là un bel oiseau chante une chanson de Perse,

Là un autre fredonne ses vers en arabe.

Chanteur, le rossignol en mélodies se livre.

Tel un prêtre, en murmures, la tourterelle expire.

Posé sur la branche de l'arbre de Judée,

Le rossignol est un poète enamouré.

Sans mesure, ni prosodie, il fait des vers,

Jamais pourtant poète n'a fait d'aussi beaux vers.

Le paon chante les panégyriques d'Onsori,

La perdrix dit des strophes de Manutchehri.

Et sur les pétales blancs du jasmin frais,

Voilà qu'une fiole de vin rouge est versée.

Au coeur de la tulipe, si le sang s'est figé,

C'est la peur de penser que la vie va passer.

Référence : Orient, mille ans de poésie et de peinture, Diane de Selliers, Paris 2009. Dernier grand panégyriste de la dynastie des sultans ghaznavides (10e-12e siècles), Manutchehri écrit aussi bien en persan qu'en arabe.