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Philosophie au jour le jour

Mon dernier paradoxe de l'année 2015

Publié par Christophe Calame

Mon dernier paradoxe de l'année 2015

Je voudrais, avant la fin de l'année, avoir l'occasion de manifester ma sympathie pour trois essayistes qui ont, chacun à leur manière marqué mon année 2015 et mes lectures, et qui n'ont en commun que d'être presque universellement méprisés, et partout âprement combattus : Michel Onfray, Bernard-Henri Lévy, Jacques Attali. Pourquoi tant de haine ?

Ces trois graphomanes, qui ont plusieurs centaines de livres à leur actif, n'ont pas vraiment d'oeuvre propre. Au pays de la rente littéraire autant que foncière (voir Gracq, La littérature à l'estomac), ils ne s'appuient sur aucun véritable titre de propriété. Leurs romans, leurs poèmes, leurs films, sont insignifiants. Zola ou Mauriac avaient mis dans la bagarre les Rougon-Macquard ou le Prix Nobel. Ou L'Être et le Néant, Le Deuxième sexe, L'Histoire de la folie. Et pourtant ils écrivent sans cesse, et interviennent dans la vie intellectuelle et politique, en défendant des idées que personne ou presque ne semble vouloir reprendre.

Ils n'ont pas traduit Fichte, jamais été ministres, et ne seront jamais candidats ni au Collège de France, ni à l'Académie. Ils ne s'appuient sur aucune légitimité universitaire, politique, artistique, et pourtant ils publient, ils paraissent, ils interviennent, ils sont cités, invités — mais aussitôt critiqués, contredits, insultés, injuriés, comme s'ils étaient des puissants.

Ils sont seuls, sans disciples et sans école, et n'ont d'ailleurs aucun dénominateur commun. Le premier est un anarchiste, partisan du socialisme participatif. Le second est un socialiste de coeur qui veut défendre les libertés dans le monde. Le troisième est un économiste qui espère que le capitalisme finira bien. Leur combat singulier contre le Pouvoir, la Lâcheté ou le Blocage ne semble soutenu par personne. Tous les trois ont en commun un trait fortement antiautoritaire : contre le récit dominant de l'histoire de la philosophie, contre les dictatures, contre les contraintes territoriales et les frontières.

Solitude de la parole, que tout le monde veut entendre, mais que personne ne veut écouter.