Le DRH aux outrages (petite lecture d’image)

Dans LE MONDE, entre un article lénifiant sur le Traité commercial Asie-US, pour préparer TAFTA, sur le renflouement d’AREVA, sur le lancement du plus grand porte-conteneur français le « Bougainville » (pauvre Diderot, pauvres Tahitiens), voici en bonne place la photo, que dis-je l’icône, de l’homme dont les salariés ont arraché la chemise, au cours des négociations sur le licenciement de milliers de personnes chez Air France (la seule bonne compagnie d’aviation que je connaisse).

La peinture flamande adorait représenter la douceur du visage du Christ promenant sa croix au milieu des trognes les plus patibulaires, allant à l’échafaud sous la dérision et les crachats.

Dans le visuel proposé ici à la méditation vespérale des cadres supérieurs, il semble au contraire que Caliban, le méchant peuple soit bien contenu et n’apparaisse que par quelques banderoles lointaines. Et le Christ aux outrages nous est présenté entouré de solides gardes du corps aux visages tranquilles et bien nourris.

Mais toute la violence du monde semble au contraire se concentrer dans l’expression sombre et hagarde et la musculature hypertrophiée du DRH, la victime !

L’intention du visuel était bien entendu d’attirer la compassion générale sur la « victime » tombée au champ d’honneur de la lutte des classes. D’où vient que cette image, si composée, ne m’inspire que des sentiments tout opposés ?