Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
christophe.calame.over-blog.com

Philosophie au jour le jour

Un vaillant petit musée

Publié par Christophe Calame

Dimanche, c'était le dernier jour de la dernière expo du MEG de Conches. La villa du banquier Eloi Lombard ferme ses portes et reste seule, face à l'immense falaise qui la domine, le Salève. Genève n'a pas encore de projets pour elle et, si elle n'est pas squattée, elle retombera donc dans le silence pour quelques décennies. La maison est un peu russe avec ses balcons de bois. Les arabes la négligeront. Une secte peut-être ? D'obscures tractations parlementaires, de troubles budgets mal équilibrés, d'opaques projets sans lendemains la laisseront plutôt se dégrader doucement, en attendant les bulldozers. Pourtant l'esprit a soufflé là, l'esprit grimpeur et vagabond de Genève. Dépôt officiel de la collection Amoudruz, les objets alpins, la villa a présenté aussi des expos telles que Les Cahiers au feu, C'était pas tous les jours dimanche, La beauté du reste, Jean Piaget agir et construire, Nicolas Bouvier le vent des routes, La mort à vivre, Objectif terre, Goulag le peuple des zeks, Trace de rêves, La saveur des arts, etc. Il est magnifique de penser que l'ultime expo de la villa soit consacrée à Rousseau, queue de comète de l'année 2012 où le Citoyen fut vraiment le premier dans la République. On a tant détesté Rousseau ! Pourtant, plus sages que nous, les hommes des Lumières savaient que Voltaire et lui faisaient la paire, et c'est pour cela qu'ils donnaient à leurs chenêts les deux têtes parallèles des héros du siècle. La polarité psychique entre l'extraverti Voltaire et l'introverti Rousseau est inévitablement conflictuelle (comme dans Alceste à bicyclette, la confrontation des acteurs Lucchini et Wilson). Pourtant, eux aussi sont complémentaires : sans Wilson, Lucchini n'a pas de scène et sans Lucchini, Wilson n'a pas de texte. Sans Rousseau, Voltaire est dur et sans Voltaire, Rousseau est triste. Mais qui est assez sage pour savoir que, dans ce monde, "tout est nécessaire" (Zadig) ?